
J’ai longuement hésité à faire une chronique sur ce titre car on le voit partout. Mais finalement, mes mots ne seront pas aussi dithyrambiques que ceux que j’ai pu lire un peu partout et surtout ça m’interroge.
Ce roman est l’introspection de Felix, en école prépa art à New-York, queer, trans et noir. Entouré d’ami•e•s préoccupé•e•s comme lui par son entrée dans une université prestigieuse (en tous cas, c’est le plan) et l’amour bien sûr. Ce qui m’a plu dans ce roman, c’est que l’on fait la connaissance de Felix après son opération, après son parcours pour enfin être dans le corps dans lequel il se reconnaît. Ce qui m’a plu, ce sont toutes les réflexions autour des questions d’identité, de genre et de sexualité dans les conversations entre les personnages ou Felix avec lui-même. Ce qui m’a plu c’est le questionnement des minorités et l’intersectionnalité. Ce qui m’a plu est le rapport à l’art, ce qu’il questionne, ce qu’il implique, ce qu’il permet (notamment grâce à Jill, prof d’acrylique).
Mais pour être tout à fait franche, je ne suis pas emballée par l’histoire elle-même (harcèlement et romance, trame vue et revue). Je trouve que la narration est laissée de côté (ce qui m’ennuie toujours dans un roman) au profit d’un propos didactique (ce qui m’ennuie toujours dans un roman).
Ma première réaction a été de me dire : il y a si peu de romans qui abordent le sujet et dont les personnages principaux sont issus de minorités peu vues que c’est dommage que la narration soit un peu oubliée.
Et puis je me suis demandée si l’essentiel n’était pas plutôt que ces personnages existent, questionnent ces sujets, même si la fiction est un peu laissée de côté.
Parce que ce qui importe est que ces sujets, ces personnages ne soient plus absents, que tous les ados puissent trouver des personnages qui leurs ressemblent et des débuts de réponse à leurs questions dans les objets culturels.
Et que peut-être c’est une étape nécessaire avant que le sujet et la narration cohabitent parfaitement sans qu’un des deux soit un peu délaissé.
Je n’ai pas la réponse mais je m’interroge. Si toi derrière ton écran, t’as une idée, ça m’intéresse.
Hélène.
Felix ever after, Kacen Callender, Slalom, 359 p. , 17€95.